Description
Michel Bourçon, durant un mois de l’été 2022, a consigné les mouvements de son corps selon la houle des gestes et des mots.
Ces impératifs existentiels – se dire et pourquoi se dire – emportent dans leur lexique une foule de mots qui ressassent la matière des tourments : « vide », « sombrer », « dévoration », etc.
Le poète ausculte son être, sa mue jour après jour, comptabilise – mais il sait que les mots sont de peu – les avancées, les régressions, la conviction même que l’être déstabilisé enregistre le profil de sa mort.
Le titre dit fort bien les séismes intérieurs qui interrogent la vie, le temps d’une soixantaine de « houles » appelées poèmes.
Quelqu’un regarde mais son « regard [est] usé ». Le corps ne répond plus aux attentes du cœur ; il est lourd ; il est séparé de tout ; il devient l’obstacle majeur. Sans cesse, il enregistre son état d’assignement à l’inexistence et devient un fardeau.
En quête d’un autre « espace » inaccessible, les gestes ne sortent pas du corps en lequel ils restent, amarrés, lourdement.
Mais l’on sent combien la tension du poème voudrait changer les rythmes, influer sur l’immobilité imposée.
Certes, le poème constate avec effroi la réalité, et peu d’échappatoires, si ce n’est le mot, encore faut-il l’agencer au beau moment, encore faut-il espérer. Mais l’espoir se broie au mouvement même des gestes ébauchés, impuissants, « lancés » vers mais vers quoi ?
Philippe Leuckx