De s’éteindre, la nuit s’est arrêtée

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12,00

Agnès Bely-Cognée l’écrit très justement dans la préface : les dimensions présentes dans ce recueil ont la mesure et la blessure de la nuit. Embarquez-vous dans le recueil de Marie Verney et quittez la ligne droite.

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Description

« Tes mots / couvrent les étoiles » : ce court poème de Marie Verney rend compte en peu de mots de sa poétique. On pourrait banalement croire que les mots sont des étoiles dans la nuit. Ici, ce n’est pas le cas. Entre le paradoxe et la déchirure de l’argument, Marie Verney nous exporte dans un monde où elle s’engage pleinement dans la poésie sans faire l’impasse de la complexité de l’être et du monde.

Plus loin, elle écrit : « l’arme des clameurs / coule sur ma tempe / de poète. » Car si Marie Verney a un univers bien à elle, elle demeure loin d’être étanche aux clameurs, aux souffrances et aux joies du monde. Pleinement bouleversée par les attentats de Paris contre Charlie Hebdo ou au Bataclan, elle en confectionne un miel parfois amer qui donne un non-sens au monde en quête de sens et parfois de sens interdits. Ses mots rendent compte d’un chaos primordial laissant place à la création qui peut enfin devenir vecteur de pensée à sens non-unique.

Il ne faut pas chercher la ligne, la droite, l’orthonormal, dans ce recueil qui ne rentre pas dans la logique booléenne. Il faut se laisser pénétrer le regard par une image fractale aux dimensions infinies. Comme Olivier Larronde, dont on peut retrouver quelques couleurs dans ses textes, elle interroge ce chaos non comme une absurdité inutile, mais comme lieu d’écriture et de rencontre avec le lecteur.

Les dimensions présentes dans son recueil ont la mesure et la blessure de la nuit. Comment peut-on mesurer la nuit ? Quelle est l’échelle de sa couleur, de sa substance, de son essence ? La mesure que nous offre Marie Verney relève de la topologie poétique : « Je coupe / une mèche / de poésie ». Elle saisit au vol l’instant pour lui construire une langue propre qui s’inscrit dans une durée plus large, celle circonscrite entre la naissance et la mort.

Comme Zéno Bianu, dont elle affectionne particulièrement les textes, elle réinvente la poésie au cours de son écriture, je dirais même qu’elle interroge l’écriture poétique qui ne peut s’apprendre sur les bancs de l’école… si ce n’est dans la structure même de notre langue qui permet sous ses multiples miroirs une passerelle au milieu de la jungle humaine. Je pense que ce n’est pas seulement la forme, en fragments parcellaires, ni le choix des mots qui s’y opposent sans cesse en se reliant, ni le choix des images qui mélangent le cosmos aux banals objets du quotidien qui font que l’écriture de Marie Verney est poétique. Je crois que c’est parce qu’elle sait aussi mélanger tout cela pour donner contour à son être tout entier, pour redéfinir les coutures de notre monde.

Elle rejoint ici, à mon sens, quelques grandes figures mystiques qui ont marqué notre civilisation occidentale sur la question de la nuit : Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux ou Thomas Merton. Ces êtres ont demandé à leur Dieu de vivre la pensée du néant pour mieux comprendre la solitude et la violence marquant des aspects de leur époque. Dans cette expérience, ils ont continué à chercher, à prier, et ont produit des textes d’une densité particulière, comme si l’écriture éclairait la « nuit privée d’étoiles », pour reprendre un titre de Thomas Merton.

C’est la quête de la Poésie qu’elle pratique quotidiennement, remettant sans cesse l’ouvrage sur le métier qui fait sens aujourd’hui pour Marie Verney, dans un monde traversé par une radicalisation de certains courants de pensée, sclérosant l’humain dans des valeurs figées qui peuvent même séduire certains philosophes. C’est la philosophie du vide, de l’instant, du point, du mot, que revendique la poésie de Marie Verney au même titre que Dylan Thomas dans ces vers : « Au commencement était le mot, le mot / Qui des bases solides de la lumière / A dérobé toutes les lettres du vide. »

Une philosophie qui ne craint ni le contresens, ni l’engagement, puisqu’elle saisit la vérité de l’être de Marie Verney, être composite, d’influences multiples, dans l’instant en perpétuelle mouvance autour d’un point aveugle qui nous rejoint et nous émeut.

Agnès Cognée
Être humain sur la planète terre

Informations complémentaires

Poids 60 g
Dimensions 11 × 18 cm
Auteur(s)

Marie Verney

Editions

Accents poétiques

Format

Poche

ISBN

978-2-916792-12-5

Nbre pages

63

Découvrez quelques pages de l’oeuvre

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1 avis pour De s’éteindre, la nuit s’est arrêtée

  1. Sebastien de Frutos (client confirmé)

    Des poèmes très doux en bouche. Marie Verney est vraiment agréable à lire,
    et ses textes invitent eux-mêmes à une diction lente, à une lecture qui prend le temps d’apprécier chaque syllabe et chaque silence.

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