Lignes déviées

Description

J’ai rencontré Jacques une veille de Noël, dans un bar bordelais. Tous deux à la recherche d’un projet musical sans écho, notre contact, comme un cadeau, a fait immédiatement mouche. Pendant des semaines et des mois, le fruit de nos idées, entre accords de guitare et textes (en français), va déboucher sur la création de chansons. Par le biais de ce temps passé avec lui, j’ai découvert l’homme, innovant, enrichissant. Plus tard, comme on se délecte d’une friandise, il m’a dévoilé ses nouvelles, puis ses poèmes.

Dans cette invitation poétique qu’est Lignes déviées, le mot interpelle, le verbe anime, la phrase emporte et soudainement l’imaginaire s’ouvre. Dans un premier temps, le titre lui-même désoriente : ces « lignes », on peut les imaginer évidemment rectilignes, conformistes, symbole de notre existence actuelle, comme presque programmées. Jacques annonce son paradoxe : Non ! Tout ne doit pas être toujours droit et bien ordonné pour lui, les lignes vont se mouvoir et vont devenir « déviées ».

On y retrouve là le symbole de son écriture et donc de son inspiration. L’habillage des textes en est aussi la résultante. Quelquefois crayonné comme une parenthèse ou ondulé comme une vague. L’expression est concise, mais elle peut devenir dense suivant l’ambiance.

Certains poèmes ont une sonorité proche d’une chanson, les mots glissent naturellement, similaires à « Une prière américaine » de Jim Morrison (auteur et chanteur du célèbre groupe The Doors). Comme lui, il est un homme de mots. Jacques est un état émotionnel, bouillonnant. Inapaisable, il se nourrit de son quotidien. Tous faits et gestes sont propices à la réflexion. Cet entrelacement d’idées mijote, puis un mot frémit, puis un autre. L’écriture l’apaise, lui le sensible, l’écorché vif.

Ce recueil intrinsèque est la résultante de ce qu’il est dans la vie, un poète du XXIe siècle.

Jean-Jacques Rodier