Description
Préface, en écrire une pour qui n’en lit jamais : cocasse.
Ce sentiment que les quotidiens sont suffisamment remplis de mode d’emploi pour ajouter une injonction, même sensible. Laisser la poésie en dehors des schémas étroits. En même temps, elle se débrouille très bien toute seule, et comme sa réception est indomptablement singulière : j’accepte l’invitation avec joie et humilité.
Oui pour faire cercle de générosité lucide et sautillante, femmes se donnant autorisation mutuelle autour du livre, peu importe le genre. Oui pour accompagner (sur la pointe des pieds) la rencontre avec Marie Verney en déposant mes images en préambule miroir.
Je croise les doigts sur l’écrit pour que rien ne confisque la rencontre avec les lignes à suivre. Que l’histoire garde sa polysémie, sans clôture aucune, et que s’ouvre « une aube dans le roc »[1], comme nous le chuchote Édouard Glissant en bord de falaise.
Des aubes et des gravats : deux totems dans la langue de Marie, qui nous invite à une exploration du paysage familier, par une économie de mots au charme condensé tel une énigme.
La langue semble chercher, dans un espace trop restreint, l’ampleur de son envol. La direction, la vitesse et le temps qui lui sont propres, jeu d’équilibre malléable comme la fluctuation des galaxies. C’est un parcours, un tracé fait de peintures fantasmagoriques, de figures tutélaires aux multiples noms et provenances. Ça vogue cosmos et peau, à la recherche féroce d’un fragment d’harmonie. Une harmonie partagée et partageable, à l’opposé des catégorisations qui voudraient que le vivant se hiérarchise.
De sève vaste, c’est une réponse fourmi arrimée de constellations, face aux béances usées par les discours de haine. Dans un monde aux crocs acérés, toujours plus ivre de cadavres, ces poèmes courts forment talismans à glisser en soi pour se renforcer l’écorce.
La fragilité se déploie porte-parole, en accord avec Dieu.e, comme une clarté environnante faite d’enveloppes charnelles. L’éclat du vers fait apparaître mille brèches d’une situation vécue : un baiser, une douleur, un brin de jazz. Et voici la rose en tension sous la berceuse. Une effraction dans l’attendu. L’indocile refus de se laisser faner en silence.
C’est ce que je garde de cette prière aux plumes rouges :
la puissance de la surprise comme offrande aux jours meurtris,
pour braver la nuit.
Laura Lutard
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